D’abord en parler. Echanger entre nous et avec les Maha Papous. Se préparer. Psychologiquement. A l’idée que pendant 5 jours et 5 nuits nous allons être en mer. Seuls.

A Tanger nous capitalisons1000 miles nautiques, parcourus en un mois, ce qui fait déjà une belle traite pour des novices comme nous qui n’avions fait que des ronds dans l’eau sur l’Etang de Berre et un Aller Retour aux Iles du Frioul devant Marseille... Mais des traversées, nous n’en avions fait que deux. Et de 1 nuit + 2 jours à chaque fois. Alors forcément, c’est avec un peu beaucoup d’appréhension que nous envisagions de partir.

Nous avons attendu la bonne fenêtre météo et haut les coeurs !

Les deux premiers jours se déroulent normalement. On découvre la fameuse longue houle de l’atlantique et on se dit que finalement c’est pas si terrible.

Et puis la troisième nuit, la houle et le vent forcissent, on réduit la voilure et pendant que les vagues claquent sous le bateau et qu’on accélère dans les surfs, y a comme une idée qui s’impose : « Mais qu’est ce que je fous là bordel !!!! ». « Pourquoi ce voyage à la con, pourquoi ce bateau à la con, pourquoi je suis pas peinarde au fond de mon lit sous une couette plutôt qu’à me faire brasser, emmitouflée dans ma veste de quart et mon bonnet ???? »

La question reste sans réponse et le 4^ème matin nous trouve tous un peu fracassés par la mauvaise nuit et dépités à la perspective des mauvaises journées à venir...  Les points réguliers à la VHF avec nos amis de Maha Papou qui sont une dizaine de miles devant nous permettent d’échanger et de relativiser. Eux aussi ont des vagues, du beurk et des maux de tête. Eux aussi ont réduit la toile. Mais ils gardent le moral, philosophes...

Le 4^ème jour, c’est un peu comme le mercredi quand on travaille, le matin il reste plus que la moitié de la semaine et le soir on est déjà presque à la fin ;)

Le 4eme jour se termine donc avec le moral qui remonte, avec aussi un peu moins de vagues et plus de vent. Nous trouvons le bon réglage des voiles et la traversée se poursuit à bonne vitesse (toute proportion gardée, je vous rappelle que nous jouons plus dans la catégorie poids lourd/fer à repasser que ferrarri !;))

Nous arrivons à la Graciosa, au Nord des Canaries à 18h30 le 5^ème jour. Les visages un peu tirés mais on l’a fait, on est trop fiers de nous et déjà le souvenir des peurs et des ras le bol s’estompe, comme à chaque ascension en haute montagne, où l’approche du sommet magnifique au soleil levant fait tout oublier : la marche d’approche pourrie, la nuit dans le refuge surpeuplé, le réveil en pleine nuit, la marche à la frontale et les ampoules sous les pieds  :))

Ile de la Graciosa aux canaries :